«C'était violent, témoigne un député. Peut-être comme jamais depuis 2002...» La réunion, à huis clos, du bureau du groupe UMP à l'Assemblée nationale a été l'occasion, hier matin, d'un nouvel épisode de la guerre entre le grand calife Chirac et son vizir Sarkozy. Le président de l'UMP a-t-il voulu montrer au président de la République qu'il était fort comme un turc en s'en prenant à son principal lieutenant, Jean-Louis Debré ? Le président de l'Assemblée avoue en tout cas volontiers n'avoir «rien vu venir» et avoir «été cueilli à froid» par l'attaque.
«Je n'ai pas changé.» C'est le président du groupe, Bernard Accoyer, qui a déclenché involontairement ? les hostilités. Le député de Haute-Savoie était en fin de semaine dernière du voyage d'Ankara à Istanbul. Lui, comme Debré, a «évolué» sur la question de l'adhésion de l'ancienne terre des sultans à l'Union européenne. Au moment de quitter Paris, il était comme Sarkozy partisan d'un strict «partenariat» avec la Turquie. En rentrant samedi, il n'excluait plus l'adhésion. Sans doute embêté de s'être démarqué de la ligne du parti, Accoyer a tenté de rectifier le tir face à ses compagnons. Assis à ses côtés, salle Colbert, Debré «commence à s'énerver» en entendant Accoyer répéter : «Je n'ai pas changé.» Les amis de Nicolas Sarkozy s'engouffrent dans la brèche. Françoise de Panafieu (Paris), Christian Estrosi (Alpes-Maritimes), Jacques Remiller (Isère), Pierre Méhaignerie (Ille-et-Vilaine) et Hervé de Charette (Maine-et-Loi