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Interview

Hervé Hamon «Ils ne sont plus dupes de la promesse d'égalité»

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Education. Hervé Hamon, du Haut Conseil de l'évaluation de l'école, explique la colère des élèves:
publié le 11 février 2005 à 0h29

Par deux fois et pendant plusieurs mois, l'écrivain Hervé Hamon, membre du Haut Conseil de l'évaluation de l'école, a sillonné collèges et lycées (1). La mobilisation ne le surprend pas.

La loi Fillon mérite-t-elle une telle mobilisation de la part des lycéens ?

Oui, bien qu'elle soit confuse et ambiguë. François Fillon fait preuve d'une méconnaissance ahurissante de la réalité des établissements. Prenez les travaux personnels encadrés, qu'il supprime en terminale. Ces TPE sont une des rares expériences pédagogiques qui a pris dans les lycées. Les enseignants n'en voulaient pas. Ils les ont découverts, appréciés, et les élèves aussi. Les supprimer pour réaliser des économies de bouts de chandelle et pour obéir à une idéologie réactionnaire révèle la légèreté avec laquelle les questions d'éducation sont traitées.

Une idéologie réactionnaire ?

Elle parcourt l'ensemble de la loi ! L'idée selon laquelle les lycéens seraient des «enfants rois» est fausse. Visiblement, Fillon n'a aucune conscience du fait qu'être élève en 2005 est anxiogène, que la pression des familles est très forte. Pire, il en rajoute, en promouvant le redoublement ! De plus, les élèves ont une conscience aiguë des inégalités et du fait que réussir ne suffit plus. Encore faut-il réussir au bon endroit.

D'où leur inquiétude sur le bac, symbole d'égalité ?

C'est en tout cas ainsi que je comprends leur refus du contrôle continu, qui pourrait pourtant les aider, en allégeant les épreuves finales, en valorisant les élèves qui résistent mal au stress de l'examen final... Et qui, au passage, résoudrait les problèmes d'organisation disproportionnés que pose le bac. Les élèves