Ils lui ont fait la claque. Il leur claque dans les mains. En mai 2003, à Dijon, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, avait été ovationné pendant de longues minutes lors du congrès du Parti socialiste. C'était au temps ou la centrale syndicale et le PS, en pleine reconstruction et en mal d'«opposition frontale», se retrouvaient sur la même ligne pour dénoncer la réforme des retraites de François Fillon approuvée par la CFDT, historiquement plus proche des socialistes. Moins de deux ans plus tard, la CGT vient de se prononcer contre le traité constitutionnel européen que les militants socialistes ont largement approuvé lors de leur référendum interne du 1er décembre 2004.
Cette décision risque de freiner le réchauffement en cours entre les deux organisations. Alors que le PS cherchait discrètement à accompagner Bernard Thibault dans sa stratégie d'ouverture, un dirigeant socialiste constatait hier que «la CGT a évolué, mais elle n'a pas encore changé de nature». Un autre s'en sort par une boutade : «L'accueil réservé à Bernard Thibault à Dijon avait été excessif. Parler aujourd'hui de désamour le serait tout autant.»
Du côté de François Hollande, la discrétion est de mise. Daniel Vaillant, chargé au PS des relations avec les syndicats, admet qu'il aurait «bien sûr préféré que la CGT prenne une autre position». Mais il en minimise ses conséquences : le vote lors du referendum «ne sera pas captif. Les Français ne se laisseront pas détourner de l'objet réel du scrutin».