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Libération
Interview

Paul Magnette «La France a une culture de la rénovation par la crise»

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Paul Magnette, politologue, au lendemain du vote espagnol sur la Constitution
publié le 22 février 2005 à 0h41

Bruxelles (UE), de notre correspondant.

Le débat sur la Constitution européenne reste enfermé dans un cadre national, même si on retrouve un peu partout les mêmes thèmes (Turquie, Europe sociale, institutions), constate Paul Magnette (1). Pour ce professeur de sciences politiques, directeur de l'Institut d'études européennes à l'Université libre de Bruxelles, la France se distingue par son attachement à la «culture de la confrontation».

Le faible taux de participation au référendum espagnol de dimanche affaiblit-il la légitimité du oui ?

Les deux grands partis ayant fait campagne pour le oui, le référendum était pratiquement sans enjeu. Dans ces conditions, 41 % est un score plus qu'honorable, surtout si l'on se souvient du faible taux de participation aux référendums d'adhésion en Europe centrale, ou lors des élections européennes de juin.

En France, les opposants à la Constitution expliquent qu'un non permettrait de réorienter la construction communautaire...

C'est vraiment terriblement français. Il y a une culture hexagonale de la confrontation, du choc révolutionnaire, de la rénovation par la crise, qui n'existe nulle part ailleurs et surtout pas dans la culture réformiste et gradualiste qu'on trouve au Royaume-Uni, dans les pays germaniques et nordiques. C'est bien sûr lié à l'aspect dramatique des révolutions successives que la France a connues et qui ont profondément marqué sa culture politique.

Voit-on apparaître une opinion publique européenne à l'occasion du débat sur le