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Interview

Philippe Missamou : «C'est une décision injurieuse qui nie la souffrance du peuple noir»

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Intégration. Philippe Missamou, avocat, n'a pas obtenu de la justice qu'elle interdise définitivement à la vente des archives sur l'esclavage :
publié le 22 février 2005 à 0h41

C'était une avancée historique. Le 10 mai 2001, le Parlement français reconnaissait dans une loi initiée par Christiane Taubira que la traite et l'esclavage «constituent un crime contre l'humanité». Le texte prévoyait que les programmes scolaires et de recherche devront accorder à ces thèmes «la place conséquente qu'ils méritent». En outre, il proposait qu'une date pour la commémoration commune de l'abolition de la traite négrière et de l'esclavage soit fixée, au niveau international. Et qu'un comité de personnalités chargé de proposer des lieux et des actions de mémoire soit mis en place. Le 12 janvier, le Coffad, le Collectif des fils et des filles d'Africains déportés, s'appuyait sur ce texte de lois pour faire retirer d'une vente aux enchères à Lyon des documents commerciaux relatifs à la vente d'esclaves et demander leur restitution. Interview de l'avocat du Coffad, Philippe Missamou.

Pourquoi avoir demandé de retirer ces lots de la vente aux enchères ?

Ces documents constituent le patrimoine historique du peuple noir au travers de ces tragédies et de son héroïsme.

De quelle jurisprudence vous étiez-vous inspirés pour faire retirer ces lots ?

De celle relative à la descendance d'Emile Zola. La petite-fille de l'écrivain voulait vendre des manuscrits et des objets ayant appartenu à son grand-père dont le très célèbre J'accuse qui a permis à Dreyfus d'être réhabilité. Cette jurisprudence a édicté un principe : ces objets n'étaient pas simplement des souvenirs de famille mais