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Libération
Interview

«La classe moyenne, une classe très ronchon»

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publié le 24 février 2005 à 0h42

Julien Damon est responsable des études à la Caisse nationale des allocations familiales et directeur de la rédaction de la revue Informations sociales.

Comment définir les classes moyennes ?

Tout le monde a l'impression d'y appartenir. Chacun connaît quelqu'un de plus riche et quelqu'un de plus pauvre que lui. On a donc tous l'impression d'être dans la moyenne. Selon un sondage, 80 % des Français se considèrent comme appartenant à la classe moyenne.

Il y a bien un critère économique ?

Sachant que la moitié des ménages ne payent pas d'impôt, les ménages moyens sont ceux qui sont à la lisière de l'imposition, juste au-dessus ou juste en dessous. On peut trouver une définition plus large : on est dans la «classe moyenne» quand on ne bénéficie pas des dispositifs de redistribution sociale réservés aux personnes en difficulté, et pas non plus des niches fiscales qui permettent de réduire l'imposition des hauts revenus. Il faut imaginer alors la société comme un «U» : le premier côté du U gagne moins de 10 000 euros par an, l'autre, plus de 70 000 euros, (moins de 10 % des foyers). La classe moyenne est la base du U. C'est la majorité de la population française. Vous voyez donc que la notion économique de la classe ou des classes moyennes peut être très étroite ou très large.

Et si on risque un portrait politique ?

C'est une classe sociale sans identité politique, mais très ronchon, si l'on peut utiliser ce terme. Elle se considère comme défavorisée par rapport aux riches et aux pauvre