En langage tauromachique, on appelle cela une véronique. Ou l'art de l'esquive. Plus d'une heure durant, hier, depuis la tribune de l'Assemblée nationale, le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero a enchaîné passe sur passe. Renvoyant alternativement droite et gauche dos à dos, cherchant à ne pas apparaître comme l'homme qui s'ingère dans la campagne référendaire française... tout en la lançant. Du grand art.
Ils sont quelques-uns à ne pas avoir apprécié le spectacle depuis les bancs des députés. Laurent Fabius n'a pas prêté une oreille pendant tout le discours de l'invité espagnol. Idem lors du jeu de questions-réponses auquel s'est plié le jeune Zapatero. Alors que ses collègues François Hollande le premier saluaient debout la prestation de l'Ibère, le député de Seine-Maritime a quitté ostensiblement l'hémicycle. Comme pour dire : ce socialisme-là n'est pas le mien, cette Europe-là non plus. En 1997, les socialistes, Jospin en tête, avaient déjà moyennement apprécié la sortie de Tony Blair invité du Palais-Bourbon. Le Premier ministre britannique leur avait infligé une leçon de réalisme : «L'économie n'est ni de droite ni de gauche. Il y a ce qui marche et ce qui ne marche pas.»
Agent de Chirac. Sans transposer explicitement la formule à l'Europe, José Luis Zapatero l'a fait comprendre aux députés, qu'ils soient pro ou antitraité. Comme à la presse qui l'interrogeait après sa prestation. Selon lui, le «oui est sans nom». Ni de droite, ni de gauche. Evitan