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Libération
Interview

«Il faut que la nuit, en ville, devienne un espace d'égalité»

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Luc GwiazdzinskI dirige la Maison du temps de Belfort-Montbéliard. Il appelle les villes ­ grandes comme petites ­ à adapter leur offre de services aux nouveaux rythmes de vie, afin de ne pas abandonner la nuit au seul secteur économique. Il met toutefois en garde contre une cité qui serait ouverte en continu.
par Sylvain ALLEMAND
publié le 5 mars 2005 à 0h50

On parle souvent de «ville vingt-quatre heures sur vingt-quatre».De quoi s'agit-il ? Préfigure-t-elle la ville de demain ? La ville vingt-quatre heures sur vingt-quatre est une des figures émergentes de la ville contemporaine. Elle interroge nos modes de vie et nous oblige à changer de regard pour aborder nos agglomérations en termes de rythmes et d'horaires. A New York, «la ville qui ne dort jamais», métro, drugstores, librairies, salles de sport, bibliothèques, crèches et même cour de justice sont ouverts jour et nuit ! La question de la ville vingt-quatre heures sur vingt-quatre ne s'y pose déjà plus. Comme dans certaines métropoles d'Asie. Au Canada, en revanche, les tensions se cristallisent sur l'allongement des horaires d'ouverture des magasins des centres-ville face à la concurrence des pôles commerciaux périphériques. En Grande-Bretagne, l'entrée en vigueur de la loi de 2003 sur l'alcool (Licensing Act 2003) a permis d'ouvrir un vrai débat sur la ville la nuit et poussé le gouvernement à engager un vaste programme de recherche.

Et en France ?

Chez nous, les transformations des rythmes de nos vies et de nos villes et la prise de conscience sont plus récentes. La nuit de nos métropoles est peu à peu colonisée par les activités du jour. L'économie grignote la nuit comme les autres temps de pause : sieste, repas, vacances... Résultat : près de 20 % des actifs travaillent parfois en nocturne. 80 % des Français sortent la nuit contre moins de 60 % il y a trente ans. Cette proportion augm