Un jour, il y a trois ans, Bernard Kouchner a lâché : «Martin, c'est mon disciple préféré.» Aujourd'hui, le même ajoute : «Je me demande si le disciple n'a pas dépassé le maître. Il est formidablement intelligent, inventif. C'est un des esprits les mieux faits que je connaisse, les plus agiles. En plus, il est un héritier de la vraie gauche française, révoltée et entreprenante.»

Martin Hirsch est habitué aux compliments. Il a lu cent fois les mêmes propos sur lui, le décrivant comme le parfait bon élève, au parcours impeccable. A 41 ans, ne traîne-t-il pas derrière lui un condensé de ce que l'on fait de mieux dans notre vieille République ? De médecine à Normale sup, puis l'ENA, le Conseil d'Etat, les cabinets ministériels, la direction de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa)­qu'il a décidé de quitter à la fin de ce mois ­, sans oublier, depuis maintenant trois ans, la présidence bénévole d'Emmaüs France. Bref, ce n'est pas simplement un haut fonctionnaire brillant comme il y en a tant, mais aussi un homme engagé. «L'aisance, le courage, la loyauté», décrit Fabien Tuleu, délégué général d'Emmaüs France.

Alors, naturellement, on s'en va chercher la petite bête qui doit bien exister quelque part. La pêche est ardue. Il y a, bien sûr, le vice dont il n'arrive pas à se défaire : la nicotine. Mais pas n'importe laquelle : le chewing-gum à la nicotine censé faire décrocher du tabac. Il en use depuis des années à haute dose, mâchouille tout le temps puis cher