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Libération

«J'aime l'UE, mais je voterai non»

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Exploitant agricole dans la région toulousaine, Nicolas a perdu la foi.
publié le 25 mars 2005 à 1h08

Bruguière envoyé spécial

Dans la campagne toulousaine, c'est la brique rose qu'on attendrait. Sur le bâtiment principal de la ferme, c'est la couleur terre de la brique crue qui apparaît sous le crépi. Mais au bout du champ en reprise de labour, c'est une grue qui pointe sa flèche au-dessus des pavillons qui se construisent. A Bruguières (Haute-Garonne), Nicolas, 33 ans exploite 60 hectares en fermage pour produire du blé dur, du soja et des pois protéagineux sur la dernière bande de terre avant la zone bâtie de l'agglomération toulousaine. «Le fond du problème est là, devant nous», lâche-t-il avec un coup de menton vers l'horizon urbain de sa campagne. «J'aime l'Europe, dit-il sur le ton des amoureux sincères. Mais le 29 mai je voterai certainement non à son traité constitutionnel parce que je ne supporte pas l'a priori sur les agriculteurs qu'ont les urbains qui ne connaissent rien à l'agriculture.»

«Quand les citadins passent ici faire du jogging ou du vélo, ils évaluent les hectares de terre que nous travaillons en fonction du prix du mètre carré qu'ils ont payé pour construire leur pavillon, reprend Nicolas. Ils sont persuadés que nous sommes riches et, en plus, gavés de subventions de l'Europe.» Deux mondes qui ne sont pas faits pour se comprendre. Et le regret de Nicolas est que «rien ni aucun politique ne tire les choses vers le haut». Que personne, autrement dit, n'ait trouvé l'argument qui lui donne envie de voter oui. Il regrette : «Il faut bac + 8 pour lire ce trai