L'exemple vient de haut. A ceux qui leur reprochent d'instrumentaliser la campagne du référendum, les syndicats de fonctionnaires pourront désormais répondre qu'ils ne sont pas les seuls. Jeudi soir, sur France 2, Nicolas Sarkozy a montré qu'il n'avait aucun scrupule à profiter de la montée du non pour pousser un peu plus les feux de son ambition. C'est assez mollement qu'il a défendu le traité ; en revanche, avec emphase, il a martelé son discours très droitier, comme s'il n'était sur le plateau que pour s'adresser aux électeurs de l'UMP... Comme si la primaire de l'élection présidentielle était déjà ouverte et que son unique objectif était déjà d'éliminer le président de la République.
Qu'il s'agisse d'économie, de sécurité ou d'Europe, Nicolas Sarkozy poursuit toujours le même objectif : s'imposer comme chef incontesté de la droite en caressant son électorat dans le sens du poil. «Il dit aux gens de droite ce qu'ils ont envie d'entendre», notait il y a quelque temps un proche de Jean-Pierre Raffarin. Si, histoire de brouiller les pistes, il brandit quelques mesures «de gauche» (suppression partielle de la double peine, réforme du Pacs), le fond de sa politique consiste d'abord à épouser les peurs de ses électeurs : répression policière accrue, dispositif en faveur de l'héritage, opposition à l'adhésion de la Turquie. Sur ce dernier sujet, il a déployé depuis un an une énergie considérable et, dans les meetings, il dit beaucoup plus fort son non (à la Turquie) que son oui (