Au bureau de poste de Bastille à Paris, les 300 exemplaires de la Constitution européenne reçus la semaine dernière se sont volatilisés. «Les gens se sont servis parce qu'ils l'avaient sous les yeux, mais on ne nous la réclame pas», observe un fonctionnaire qui n'a, pour sa part, pas lu le texte : «C'est trop long, trop complexe, insuffisamment accessible...» Non loin de là, plusieurs centaines de traités se sont envolées dans les bureaux de poste du quai de Valmy, du boulevard Voltaire et de la rue du Temple.
Avenue de la Grande-Armée, en revanche, les journaux de l'Hémicycle, qui publie l'intégrale de la Constitution, reposent dans un coin, peu visibles. Il en reste une vingtaine. Un homme passe et en emporte un. Il avait essayé sans succès de télécharger les 380 pages du texte. A la Poste près de chez lui, «ils n'en avaient plus». Il souhaite en prendre connaissance «afin de pouvoir se prononcer sans se contenter des bruits». «Les gens écoutent ce qui se dit à la radio ou à la télévision. Globalement, si on est pour le libéralisme, on est pour la Constitution. Mais on ne peut pas voter sans savoir ce qu'il y a dedans... Moi, je veux absolument voter !»
Dans les librairies, l'engouement surprend. L'ouvrage de poche préfacé par l'ancien député européen socialiste, Olivier Duhamel, intitulé la Constitution européenne, est entré dans le classement Livres Hebdo des meilleures ventes en librairie. Vendu 1,50 euro, il arrive en treizième position d'un tableau dominé par les romans