Il aura fallu un an à Renaud Dutreil pour entrer dans la peau d'un ministre de la Fonction publique. «J'ai beaucoup appris et j'ai encore beaucoup à apprendre», confie-t-il avec une modestie qui est, chez lui, une qualité justement assez nouvelle. Tout comme la patience, dont il va devoir faire preuve pour la seconde phase de négociation avec les syndicats de fonctionnaires qui s'ouvre cet après-midi. Le premier round sur les salaires s'est conclu mardi par l'annonce unilatérale d'une hausse supplémentaire de 0,8 % en 2005, s'ajoutant aux deux augmentations de 0,5 % déjà accordées en décembre 2004. Soit, au total, trois hausses : de 0,5 % au 1er février, 0,5 % au 1er juillet et 0,8 % en novembre.
Pouvoir d'achat. Dutreil, 44 ans, a d'abord dû admettre qu'un ministre de la Fonction publique, avant d'être un homme politique, est le directeur des ressources humaines d'une «entreprise» de 2,5 millions de salariés. Et comme tout bon DRH, il est coincé entre la direction générale et les syndicats. En octobre, Jean-Pierre Raffarin, lui-même sous la pression de Bercy où Nicolas Sarkozy cherchait à équilibrer le projet de loi de finances, lui a refusé les 300 millions d'euros qui auraient permis d'assurer le maintien du pouvoir d'achat des fonctionnaires pour 2005. Quatre mois et trois journées de manifestations plus tard, les 0,8 % manquants sont lâchés. Grandeur et servitude de la fonction : Dutreil apprend qu'il est là pour assumer des décisions arbitrées au-dessus de lui.
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