A Paris, à Lille,
Une employée du rectorat de Paris hurle vers ses collègues restés dans les étages : «Descendez tous ! Vos gamins sont peut-être là... Vous n'allez pas les laisser se faire castagner ?» Il est 13 heures, hier, et les forces de l'ordre viennent d'entrer. 500 lycéens occupent le rectorat depuis plus d'une heure. Sit-in au rez-de-chaussée. Ils se tiennent par les coudes. Les CRS les arrachent les uns aux autres, sous les huées : «Nous sommes pacifiques !» Un cordon d'employés du rectorat tente de les protéger. Soulevés par les jambes, tirés par les bras, filles et garçons sont traînés au sol, les bras parfois violemment pliés dans le dos.
François Fillon avait menacé mercredi, à l'Assemblée : «Je ne laisserai pas une infime minorité bloquer le fonctionnement des établissements à quelques semaines du baccalauréat.» Hier, il a précisé : «A chaque fois qu'une tentative de blocage aura lieu, il y aura une intervention [de la police].» «C'est quoi ces manières ? crient des employés du rectorat. Il faut porter plainte contre Fillon !» Avec leurs portables, ils photographient la scène. Une femme au bord des larmes se penche vers une collègue : «C'est horrible...» Dans la rue, les jeunes se tiennent le dos, la tête. Beaucoup sont choqués. On parle d'un bras cassé. Régine Gallet, élue SUD Education en visite au rectorat, bouillonne : «Voilà la réponse de Fillon aux inquiétudes légitimes des lycéens sur l'avenir qu'il leur prépare : la brutalité, les matraques. C'est inadm