Eurodéputé, membre du PPE, le conservateur espagnol Iñigo Méndez de Vigo présidait la délégation du Parlement européen à la convention qui a élaboré la Constitution européenne. Il analyse les conséquences d'un non français.
Que se passera-t-il, selon vous, en cas de non en France ?
Je crois que la campagne de ratification se poursuivra. Il y a deux possibilités : soit les échecs s'accumulent et, dans ce cas, la Constitution sera enterrée. Soit les autres pays disent oui et le processus peut continuer. Les gouvernements ont prévu ce cas de figure : en principe, un seul pays ne peut pas retarder tous les autres. Nous avons les précédents historiques de l'Irlande et du Danemark (1). L'UE a dit à ces pays : vous avez un problème, choisissez votre solution. Ils ont refait un vote. Mais, en France, l'organisation d'un nouveau référendum ne me paraît pas imaginable.
Pourquoi ?
Parce qu'on ne pourra pas comprendre pour quelles raisons les Français disent non. Au Danemark et en Irlande, les responsables politiques avaient des explications. Ils ont pu sortir de la crise sans changer un iota du traité. Ce n'était qu'une question d'interprétation. Mais, entre souverainistes et antilibéraux, le non des Français sera bien trop divers pour qu'on puisse mettre sur une feuille de papier ce qu'il faut clarifier. On va se trouver dans une situation très confuse, dans une grave crise de confiance.
Et si l'Europe continuait sans la France ?
On peut imaginer l'UE sans le Royaume-Uni. Pas sans la France