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L'Union est-elle plusqu'un marché ?

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Avec la Constitution, qui défend de nouvelles valeurs et de nouveaux objectifs, l'Union européenne se veut davantage politique. Sans pouvoir renoncer complètement aux principes économiques qui la fondent.
publié le 14 avril 2005 à 1h45

Bruxelles (UE) de notre correspondant

Pour quoi faire l'Europe ? La question aurait paru incongrue il y a quelques années encore, tant la réponse est évidente pour les générations nées pendant ou juste après 1945 : il s'agit tout simplement de rendre impossible une guerre entre des pays qui se sont combattus férocement durant des siècles. Le moyen imaginé par les pères fondateurs est celui de l'interpénétration économique volontairement consentie afin de rendre trop coûteux un conflit. De ce point de vue, c'est une réussite : depuis soixante ans, l'Europe connaît la plus longue période de paix de son histoire, après les deux guerres mondiales, dont la dernière a provoqué une saignée de 50 millions de morts et le génocide des juifs. Avec l'effondrement du communisme, l'Union a montré l'attirance qu'elle exerçait sur les pays voisins, au point que ses frontières ont vocation demain à border toute la Russie, voire l'Irak et la Syrie avec l'adhésion de la Turquie.

«Valeurs communes». Aujourd'hui, la paix entre Européens est devenue une telle évidence qu'elle ne suffit plus à justifier l'Union. Celle-ci est en quête d'un saut qualitatif vers un projet plus politique, ce qui explique que la Convention ait consacré de longues séances aux articles relatifs aux «valeurs» et aux «objectifs» de l'Union.

Couronnant six décennies de construction communautaire, la Constitution rappelle ses origines sanglantes. Son préambule souligne que l'Europe est «désormais réunie au terme d'expériences a