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Libération
Interview

«Notre ambition est d'écrire ""le Capital"" du XXIe siècle»

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publié le 14 avril 2005 à 1h45

Signe des temps : les ex-modernisateurs de la gauche se reconvertissent dans la critique sociale. En 1982, un trio d'hommes de gauche, Pierre Rosanvallon, François Furet et Simon Nora, lançait un club de réflexion destiné à moderniser la gauche, à lui inculquer une culture de gouvernement : la fondation Saint-Simon, qui ne devait pas tarder à se muer, dans les années 90, en temple de la pensée unique et en piste d'envol des jeunes énarques vaguement de gauche. Aujourd'hui, c'est une ambition radicalement différente qui anime la République des idées ­le cercle de Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France et à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) ­, qui vient de fêter ses trois ans : renouveler la critique sociale pour participer à la refondation de la gauche. Entretien.

Comment est née la République des idées ?

J'en ai ressenti le besoin en 2000, à partir du constat du piétinement politique et intellectuel de la gauche dans les années 90. Nous sortions alors d'une décennie d'attente, où la gauche de gouvernement s'était épuisée, où la gauche critique s'était épuisée aussi, enlisée dans une vision étroitement protestataire. Il m'est ainsi apparu qu'il fallait désormais passer d'une logique de la modernisation à une logique de refondation de la critique sociale. Au début des années 70, la gauche disposait d'un bagage politique et intellectuel, le programme commun, qui était en fait un résumé de l'histoire du socialisme depuis le début du XXe siècle. C'