Bruxelles (UE) de notre correspondant
Hervé Gaymard, compromis dans le scandale de son logement de fonction de 600 m2, a-t-il démissionné à la suite d'une menace de censure de l'Assemblée nationale ? Evidemment pas. Si Gaymard avait été commissaire européen, ce n'est pas la pression médiatique qui l'aurait poussé à la démission, mais le Parlement européen. Rocco Buttiglione, le commissaire italien pressenti qui a dû plier bagage, en octobre dernier, à cause de ses propos jugés homophobes et sexistes, peut en témoigner : les eurodéputés étaient déterminés à refuser la confiance à la nouvelle Commission européenne présidée par José Manuel Durão Barroso.
«Colégislateur». Le Parlement européen occupe désormais une place centrale dans l'architecture institutionnelle de l'Union. Une place conquise au fil des traités mais aussi par sa détermination à parlementariser une vie politique européenne longtemps dominée par les seuls Etats. La Constitution européenne achève cette mutation entamée en 1976, lorsque Valéry Giscard d'Estaing, alors président de la République, a convaincu ses partenaires qu'il était temps d'élire au suffrage universel direct les députés européens (la première élection aura lieu en juin 1979). Jusque-là, les Parlements nationaux désignaient en leur sein les députés qui iraient siéger à «l'Assemblée parlementaire» de Strasbourg. Mais ce n'est qu'en 1986, avec l'Acte unique, que l'Assemblée se voit donner le nom de «Parlement européen» et ses premiers pouvoirs légis