Le 14 juillet dernier, Jacques Chirac disait de Nicolas Sarkozy : «Je décide, il exécute.» Hier matin, sur RTL, Jean-Pierre Raffarin a dit de Dominique de Villepin : «Il a dérapé. Ça arrive souvent quand on veut aller trop vite. Et moi, je suis le Premier ministre. Je l'ai donc recadré. Point final.» Une mise au point qui intervient après les déclarations du ministre de l'Intérieur sur la nécessité d'une inflexion de la politique du gouvernement après le référendum sur la Constitution européenne. Villepin avait laissé entendre qu'il s'exprimait «sur commande» de l'Elysée. «En ce qui concerne les commandes, c'est moi qui les passe, a répondu sèchement le Premier ministre. Et j'ai passé une commande à Dominique de Villepin pour une politique de l'immigration. J'attends son rapport. [...] Tout le monde au travail !»
La remontrance est sévère. Faite en public, elle est même humiliante pour le ministre de l'Intérieur. Se faire engueuler par le chef de l'Etat, dont il a été le plus proche collaborateur de 1995 à 2002 quand il était secrétaire général de l'Elysée, passe encore. Mais être remis à sa place comme un vulgaire secrétaire d'Etat par ce Premier ministre dont il n'a jamais caché le mépris qu'il lui inspirait... Le coup est rude. Villepin, qui estime que Matignon lui reviendra de droit dès que Raffarin sera parti, vient peut-être de voir ses rêves partir en fumée. «L'épisode montre qu'en réalité il n'a pas la confiance du chef de l'Etat», note-t-on de source gouvernementale.