Quarante ans de tournées sans jamais faire relâche . Dix ans d'un règne reconduit grâce au surréaliste rappel de 2002. Des tonnes de promesses, oubliées à peine énoncées, des revirements à la pelle, d'innombrables trahisons, des règlements de comptes à tout-va, le «Chirac circus» est un spectacle permanent. Une épopée tragi-comique sans foi ni loi, un art de survivre, à tout et à tous, qui, à défaut de justifier des chapitres à la gloire de son héros dans les livres d'histoire, égaye d'ores et déjà ce hors-série. Deux cents pages pour narrer cette décennie d'apogée du chiraquisme. Et brosser les multiples facettes du forcené qui s'est barricadé à l'Elysée depuis mai 1995.
Même si cet étrange objet de la politique a été étudié sous toutes ses coutures, il demeure un mystère Chirac. Non pas une face cachée, une dimension souterraine, un jardin secret où le chef de l'Etat aurait enfoui de puissantes interrogations métaphysiques ou de bouleversantes angoisses existentielles. Pas plus de secrets de famille à l'échelle d'un Mitterrand que d'engagement politique clandestin à la mode Jospin. Non, pas de double fond chez Chirac : le contenu semble aussi connu que le contenant, tellement transparent sauf pour la justice qu'il en sonne un peu creux. Banal, forcément banal. Mais c'est justement cela qui intrigue : comment un type aussi anodin, souvent décevant, parfois médiocre, a-t-il pu non seulement atteindre les cimes du pouvoir mais s'y maintenir aussi longtemps ?
Que tel ou tel