Dix ans pour rien, ou presque. Une décennie après l'arrivée de Jacques Chirac à l'Elysée, sollicités pour juger son bilan, les Français le ramènent à bien peu de chose. Selon le sondage réalisé par Louis-Harris pour Libération (1), ils délivrent un satisfecit à l'homme de paix. Ils remarquent, même s'ils ne lui en tiennent pas trop rigueur, qu'il n'a honoré pratiquement aucune de ses promesses électorales. Ils expriment la conviction massive que l'actuel chef de l'Etat marquera moins l'histoire que son prédécesseur, François Mitterrand. Et ils finissent par lui chipoter son avenir, manifestant sans états d'âme leur envie de tourner la page. Et de voir son rival Nicolas Sarkozy porter les couleurs de l'actuelle majorité lors du rendez-vous présidentiel de 2007.
Certes, Jacques Chirac n'apparaît pas comme un mauvais bougre. A peine plus de dix ans après son installation au pouvoir, le général de Gaulle allait être emporté dans les soubresauts de l'après-Mai 68. François Mitterrand voyait le PS lui échapper, croyait bon de remplacer à Matignon Michel Rocard par Edith Cresson et plongeait vers son record d'impopularité. Chirac, troisième président de la Ve République à atteindre le cap de la décennie, franchit l'épreuve paisiblement, pas même atteint par les affaires politico-financières qui ont rythmé son séjour élyséen : une moitié des sondés estime son bilan positif. Les 18-24 ans sont les plus bienveillants (54 % d'opinions positives). Il est vrai que, pour beaucoup, ils ont