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Libération

Ses grands rôles

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publié le 21 avril 2005 à 1h45

Souvent Chirac varie. Mais parfois, il choisit. Et agit. La girouette se fixe alors un cap. Et s'y tient. Si, en quarante ans d'aventures, le chiraquisme d'opposition s'est traduit en un flux d'imprécations volontaristes, le chiraquisme de gouvernement s'est fréquemment réduit à une illustration de l'impuissance politique. Pourtant, depuis mai 1995, il y eut des moments, rares, où le verbe s'est fait acte. Et où l'action s'est faite durable. Le chef de l'Etat a osé quelques choix audacieux, en particulier sur les deux terrains où s'édifie la statue du démiurge élyséen : le monde et l'Histoire.

A peine élu, le bourbier bosniaque lui donne l'occasion de tester, cette fois avec succès, sa diplomatie du coup de menton. Et de rompre avec les atermoiements de son prédécesseur. Huit ans plus tard, cultiver l'indémodable filon de l'antiaméricanisme lui vaut l'oscar du meilleur ennemi de George W. Bush. Et si Chirac ne s'avère guère plus efficace que Michael Moore pour lui barrer la route, sa performance lui permet de transposer, l'espace d'un printemps, ses miraculeux 82 % du 5 mai 2002 à l'échelle planétaire. Son plus grand rôle, celui qui lui fait espérer laisser une petite trace dans les livres d'histoire.

Pour s'y glisser, Chirac prend aussi soin d'en réécrire certains chapitres. Avec l'espoir de réconcilier la France avec sa mémoire. «Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français (...). La France ce jour-là accomplissait l'irréparable