Le nouveau traité européen ne ménage pas ses efforts pour apparaître plus social que les précédents. On en trouve des éléments d'un bout à l'autre du texte. Aussi bien dans la partie I (fixant les objectifs de l'Union) et II (la charte des droits fondamentaux) que dans la troisième (décrivant les politiques communes). Dès l'article I-3 (lire ci-dessous), apparaissent les expressions «économie sociale de marché», «plein emploi», «exclusion sociale», «solidarité entre les générations», «cohésion économique et sociale». Ne sont-ce que de belles paroles ? Théoriquement non, puisque la Cour de justice européenne pourrait invalider des décisions contraires à ces principes.
Ces mots ne sont pas arrivés là tout seuls. Lors de la convention qui a rédigé le projet de Constitution, les socialistes européens se sont mobilisés pour que l'objectif de «niveau élevé d'emploi» devienne celui de «plein-emploi». De même ont-ils obtenu que «l'économie de marché», citée dans les traités actuels, devienne une «économie sociale de marché». Enfin, grâce au gouvernement belge, apparaît une clause sociale transversale (article III-117) qui garantit la prise en compte du social dans l'ensemble des politiques de l'Union.
La gauche a en revanche échoué à faire figurer la qualité de l'emploi, la formation tout au long de la vie et l'accès à des services d'intérêt général de qualité. Français et Espagnols ont bataillé contre les Britanniques pour introduire l'objectif de «cohésion territoriale», pour favori