La création d'un ministre des Affaires étrangères européen est l'une des grandes innovations du traité constitutionnel. Avec un chef de la diplomatie nommé pour cinq ans, les Vingt-Cinq espèrent avoir une voix plus audible sur la scène internationale. Mais au vu des dissensions qui continuent de les partager, notamment autour de la vision des relations transatlantiques, le chemin jusqu'à une véritable politique étrangère commune paraît encore long.
Si la Constitution avait été en vigueur durant la crise irakienne, début 2004, «nous n'aurions pas pu mener notre politique», a assuré Jean-Pierre Chevènement, l'un des leaders du non, le 21 avril sur France 2. «Le traité stipule une consultation préalable avec nos partenaires. Nous aurions alors été mis en minorité. Et nous n'aurions pas eu ensuite le courage d'annoncer un veto au Conseil de sécurité de l'ONU.» Et de conclure : «Une lettre du ministre américain vaut ordre. Nous aurions été alignés.»
Guerre en Irak. L'ancien ministre de la Défense de François Mitterrand va un peu vite en besogne : si le traité parle bien de consultations, il n'est nulle part fait état de décisions contraignantes qui pourraient, par exemple, obliger la France à se ranger derrière un texte soutenant la guerre ou, pis, prônant l'envoi de soldats en Irak (article III-300, lire ci-dessous). Ceux qui rêvaient que l'Union puisse prendre des décisions diplomatiques à la majorité qualifiée (232 voix sur 321, représentant au moins deux tiers des pays et 62 %