L'Europe de la défense est devenue un sujet tabou en 1954, après le rejet par la France du traité créant une Communauté européenne de défense (CED). Depuis lors, la défense du continent a relevé, quasi exclusivement, de l'Otan, l'alliance dominée par les Etats-Unis. Ce n'est qu'à la suite de la guerre en ex-Yougoslavie que les Européens ont pris conscience de leur incapacité à agir dès lors que les Américains refusaient de s'engager. La marche vers la création d'une Europe de la défense a commencé au sommet de Saint-Malo, en 1998, où Londres s'est rallié à cette idée.
La mise en place d'une défense autonome vis-à-vis de l'Otan n'est pas simple. D'abord, l'Union compte quatre pays neutres (Irlande, Suède, Autriche et Finlande) et deux pays non-membres de l'Otan (Chypre et Malte). Ensuite, la plupart des Etats membres n'ont pas les mêmes rêves d'indépendance que la France et ne souhaitent pas s'opposer aux Etats-Unis. Beaucoup se demandent : pourquoi recréer quelque chose qui existe déjà au sein de l'Otan ? Enfin, beaucoup d'Etats membres, peu disposés à augmenter leur budget de défense, se satisfont du parapluie américain.
Le rôle de l'Otan. La Constitution marque quelques progrès par rapport à ce que les Européens ébauchent depuis quelques années. Pour la première fois, les Vingt-Cinq deviennent des alliés, ce qui leur crée des obligations : «Au cas où un Etat membre serait l'objet d'une agression armée sur son territoire, les autres Etats membres lui doivent aide et assistanc