Douai, envoyée spéciale.
«Je suis originaire du Poitou, le pays des ânes et des Premiers ministres. Je suis un des ex-830 salariés de Metaleurop Nord. Le 17 janvier, j'ai appris par France Info la fin de mon usine. Apprendre comme ça qu'on n'est plus rien, que les actionnaires qui ont pillé l'usine sont partis, c'est un choc. Je vote oui. Chez les Metaleurop, je suis une exception. Il y a une moitié de moi qui voudrait encore voter non contre ce Premier ministre débonnaire, qui mène une politique antisociale et antiouvrière du type Thatcher. J'ai beaucoup d'estime pour ceux d'entre nous qui votent non, parce que la fermeture de l'usine, c'est un tremblement de terre. Avec ses répliques : la lettre de licenciement qu'on reçoit devant toute la famille. La queue aux Assedic, et une petite nana au guichet qui pourrait être ta fille et qui te demande : "Qu'est-ce que vous avez en projet ?" A des gars qui ont mangé le plomb, le zinc, le bruit, la fatigue, l'amiante, et qui ont une espérance de vie de quinze ans de moins que la moyenne, on demande s'ils ont un projet ! La troisième réplique, c'est l'enterrement des copains... Moi, je suis parti en préretraite, avec un demi-salaire, et j'ai mes enfants à aider.
Pourquoi le oui ? C'est vrai qu'on met dans le marbre un système libéral dans lequel tous les systèmes mafieux peuvent se bâtir sur une irresponsabilité juridique. Un nouveau Metaleurop, ça peut recommencer. Mais il y a la Constitution, et après il y a la politique qu'on fera a