Menu
Libération
Interview

«Il n'y a pas d'autre solution que l'union»

Article réservé aux abonnés
Référendum 29 mai. Simone Veil revient sur son congé du Conseil constitutionnel et sa décision de défendre le traité.
publié le 2 mai 2005 à 2h01

Ancienne présidente du Parlement européen, Simone Veil a obtenu de Pierre Mazeaud une «mise en congé» du Conseil constitutionnel pour participer à la campagne du oui au référendum. Un choix critiqué par plusieurs tenants du non qui lui ont reproché de bafouer ainsi la neutralité des «sages». Simone Veil s'explique.

Qu'est-ce qui vous a poussée à vouloir faire campagne pour le oui ?

La cause de l'Europe est pour moi l'enjeu le plus important depuis plus d'un demi-siècle. J'appartiens à cette génération née entre les deux guerres qui a été très marquée par la boucherie de la Première Guerre mondiale. Puis par la faiblesse et l'impuissance des démocraties face à la montée du national-socialisme. J'ai ensuite vécu la Seconde Guerre mondiale, j'en ai été moi-même victime. C'est pourquoi j'ai toujours pensé qu'il n'y avait pas d'autre solution que la construction européenne pour se réconcilier. Je sais bien que ce sont des arguments qui ne comptent plus beaucoup aujourd'hui parce que les gens pensent que la paix comme la démocratie sont des acquis irréversibles. Ils ont tort. Si l'on n'y prend garde, s'il n'y a pas une volonté de nouer des liens étroits entre nos peuples, n'importe quel incident peut de nouveau tourner au drame. Si l'ex-Yougoslavie avait appartenu à l'Union, on aurait fait l'économie de dizaines de milliers de morts. Le risque existe toujours et l'on n'a pas le droit de l'ignorer. Dans un monde globalisé où rivalisent de grands ensembles, si nous, Européens, ne nous unissons pas, nous ne serons plus rien.

Votre entrée en campagne ne risque-t-elle pas de nuire à la crédibilité du Conseil constitutionnel ?

Non. Il existe à la fois de