C'est la question qui alimente toutes les polémiques: le traité est-il libéral ? Ceux qui découvriront l'article I-3 établissant l'Union comme un «marché intérieur où la concurrence est libre est non faussée» pourraient considérer que la messe est dite. Pourtant, le même article définit d'autres objectifs, comme l'économie sociale de marché, le développement durable, le plein emploi et le progrès social. Si l'on considère le libéralisme économique (terme qu'on adoptera pour le différencier du libéralisme politique et qui désigne la préférence pour le marché au détriment des interventions étatiques), c'est donc dans d'autres parties du texte qu'il faut chercher.
Latence. Le lecteur n'aura aucun mal à trouver. Pour une raison simple : l'Europe s'est construite à partir du Marché commun. Dès le traité de Rome, en 1957, les quatre libertés de circulation (des personnes, des marchandises, des capitaux, des services) sont présentes. Elles seront longtemps à l'état de latence, puisque le Marché commun, pendant vingt-cinq ans, sera essentiellement un espace douanier (des tarifs communs aux frontières). C'est à partir de 1986 et de l'adoption de l'Acte unique européen que ces libertés commencent à se réaliser : les barrières intérieures commencent à être démantelées, jusqu'à arriver, en 1993, au Grand Marché européen, voulu par Jacques Delors, alors président (socialiste) de la Commission de Bruxelles. C'est aussi à ce moment que débute la contestation du rôle de Bruxelles dans la lib