A Berlin,
Les citoyens allemands seraient-ils envieux du débat français sur la Constitution européenne ? Ces dernières semaines, la presse d'outre-Rhin s'est largement fait l'écho de l'angoisse suscitée dans le pays par l'hypothèse d'un non Français. Plus rares ont été, en revanche, les commentaires sur l'absence de débat en Allemagne. Dans son plaidoyer pour le oui publié cette semaine par le Nouvel observateur, le philosophe Jürgen Habermas a déclaré : «En tant qu'Allemand à qui la pusillanimité de son personnel politique a fait perdre toute illusion, j'envie la France. Cette République française a encore au moins conscience des critères démocratiques qui font sa tradition.»
De fait, la classe politique allemande a rapidement évacué la question du référendum sur la Constitution européenne. Si l'appel au peuple n'est pas prévu par la loi fondamentale allemande, rien n'empêchait, de l'avis des plus éminents juristes, d'en limiter l'usage aux questions européennes. Le ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer évacue la question en rappelant les «traditions constitutionnelles différentes» de la France et de l'Allemagne. Selon lui, les questions européennes seraient largement débattues outre-Rhin à l'occasion des scrutins régionaux et locaux. Ce n'est pas l'avis de l'hebdomadaire Die Zeit, qui déplore dans ses éditions l'absence de débat en Allemagne. Pour Joachim Fritz Vannahme, chef du bureau de Bruxelles, «Joschka Fischer est un tenant de l'Europe des élites. Il ne croi