«Je suis une européenne convaincue. A ce titre, j'estime que les peuples d'Europe méritent une Constitution plus humaine, plus juste. En un mot, plus ambitieuse. Lorsque nous avons commencé à débattre entre amis de ce projet, il régnait la plus grande confusion : quelle sera son utilité ? quels en sont les tenants et les aboutissants ? Il me fallait des informations solides pour me déterminer de façon consciente. Je ne pouvais raisonnablement pas me fier à tel ou tel autre discours partisan. Lorsque la campagne a été lancée, je me suis amusée des premiers sondages : comment peut-on questionner des citoyens sur un texte qu'ils n'ont pas lu ? Puis une formidable machine pilotée par les porteurs du oui s'est mise en marche. Un outil de propagande impliquant des vedettes du sport et du spectacle, des personnalités au fort capital affectif, des gens de pouvoir de tous bords qui n'avaient que de pauvres arguments creux à avancer : «Si vous ne votez pas pour ce traité, vous êtes contre l'Europe». Enfin, le texte est arrivé entre nos mains. Un pavé illisible, volumineux et inaccessible au commun des citoyens. Ce que je vis comme une réelle intimidation intellectuelle a pour effet d'obliger les citoyens à se tourner vers des «traducteurs» non assermentés. Des spécialistes qui finissent par nous exproprier de notre droit de vote à force d'argumentaires invérifiables. Le débat sur un tel projet doit être ouvert, universel, étayé de solides arguments. Chacun doit écouter et respecter le
Interview
«Un pavé inaccessible au commun des citoyens»
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par Mourad Guichard
publié le 9 mai 2005 à 2h06
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