Si les souverainistes peinent à se faire entendre dans cette campagne, c'est sans doute parce que le projet de Constitution ne prévoit aucun transfert de souveraineté supplémentaire. De fait, au cours des travaux de la convention présidée par Valéry Giscard d'Estaing, aucun membre n'a réclamé de nouveaux pouvoirs pour l'UE. Le traité se borne à mettre de l'ordre et à améliorer le fonctionnement de l'existant, ce qui rend peu opérante une campagne sur la «disparition de la France».
On voit d'ailleurs mal quels nouveaux domaines les Etats membres auraient pu mettre au pot commun. Depuis 1957, les traités successifs n'ont cessé d'organiser des transferts de compétences du niveau national vers le niveau européen, des systèmes douaniers à la monnaie en passant par l'espace judiciaire européen. Dans le domaine économique et social, 70 % de la législation française est désormais élaborée par l'UE, c'est-à-dire par le Conseil des ministres et par le Parlement européen.
Clarification. La Constitution classe, pour la première fois, les compétences en trois groupes afin de clarifier le «qui fait quoi». D'abord les «compétences exclusives» de l'Union (article I-13), celles qui interdisent aux Etats de légiférer chacun de son côté : union douanière, gestion de l'euro, règles de concurrence, politique commerciale commune... Ensuite, les «compétences partagées» (article I-14), qui autorisent les Etats à agir tant que l'Union ne souhaite pas intervenir : politique agricole commune, marché int