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Libération

L'«euroréaliste» contre le «réaliste européen»

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A Strasbourg, Chevènement et Moscovici s'opposent sur la Constitution.
publié le 12 mai 2005 à 2h08

C'est un débat de Franc-Comtois. «On va faire en sorte que ce soit un vrai débat et pas du cirque», prévient l'animateur de la soirée. A main gauche, le Belfortain Jean-Pierre Chevènement (MRC), qui a claqué la porte du gouvernement Jospin au moment de la ratification du traité de Nice. A main droite, le Montbéliardais Pierre Moscovici (PS), ex-ministre délégué aux Affaires européennes du même gouvernement. Hier, à l'invitation de la librairie Kléber et du club de la presse de Strasbourg, les deux hommes ont échangé une heure durant leurs points de vue sur le projet de Constitution européenne devant un public compact de 150 personnes.

Théâtral. Chevènement a écrit un livre. Cela s'appelle Pour l'Europe votez non !. «Je m'intéresse beaucoup à la pensée de Pierre Moscovici, c'est pourquoi j'ai amené son livre», dit-il, goguenard. Celui-là, c'est Dix questions qui fâchent les Européens. «Mon non est européen», attaque Chevènement, détendu et théâtral. «Euroréaliste», il reproche d'emblée à la Constitution «de ne pas mettre l'accent sur la lutte contre le chômage», de ne pas prévoir «un gouvernement économique de la zone euro» et «d'enfermer la France dans une Europe à vingt-cinq où nous sommes sûrs d'être minoritaires» sur la scène diplomatique. «Je suis un Européen réaliste aussi, mais pas un Européen tiède, rétorque Moscovici. On est en train de bâtir quelque chose qui a plus d'ambition que la simple cohabitation des nations. Il faut donner une architecture institutionnelle à