«Ce soir, on est en famille...» Dans la salle des fêtes de Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), qui aurait besoin de quelques crédits européens, Julien Dray est bien chez lui, au centre de sa circonscription de l'Essonne. Mais la «famille», en l'occurrence, vise les orateurs. Julien Dray lui-même, député et porte-parole du PS, qui fut un jeune militant de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) dans les années 70. Daniel Cohn-Bendit, dont le parcours de leader de Mai 68 est entré dans l'histoire, et surtout Toni Negri, 71 ans, présenté comme «philosophe altermondialiste», mais qui fut surtout le théoricien de l'«autonomie ouvrière» lors des «années de plomb» en Italie.
Nique. «Cette réunion a un parfum de jeunesse», plaisante «Juju», qui ne cache pas, en privé, le but poursuivi : faire la nique aux «gauchistes», montrer donc qu'un oui est compatible avec la pensée de gauche radicale. Les «gauchistes» ou encore les «autonomes», que les organisateurs redoutent de voir perturber le meeting, d'où la présence de la police et d'un service d'ordre bien visible. Mais vendredi soir, les gêneurs sont restés à la maison...
«Ce soir, on ne discutera pas de tel ou tel article du traité», avait prévenu Julien Dray. En effet. Toni Negri est venu pourfendre «l'Etat-nation, la forme d'organisation des élites capitalistes» ou encore «le lieu d'organisation du marché». Adopter la Constitution, c'est commencer à «bloquer la capacité du grand capital de s'organiser au niveau financier, militaire, co