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Libération
Interview

«Le non, ce serait une génération perdue»

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publié le 17 mai 2005 à 2h12

Eurodéputé et ancien ministre polonais des Affaires étrangères, Bronislaw Geremek, qui assistait vendredi à Paris à un séminaire du club Grande Europe sur la Constitution européenne, explique à Libération pourquoi les peurs suscitées par l'élargissement sont sans fondement et plaide pour davantage de solidarité européenne.

Comment interprétez-vous la force du non français ?

Je ne m'attendais pas à cette montée. La France, pays fondateur de l'Europe, disant non au traité constitutionnel dont elle est l'inventeur. Pour moi, c'était presque impensable... En même temps, et c'est positif, on assiste pour la première fois à un débat sur l'avenir de l'Union européenne. Des citoyens se posent cette question : «Quelle place pour moi dans cette construction ?» J'ai le sentiment que les Français se sentent mal à l'aise dans la mondialisation, comme dans leur vie quotidienne où règne l'insécurité de l'emploi. Ils voient que la France n'est plus une grande puissance et qu'elle n'est plus le véritable moteur de l'intégration. C'est tout cela qui crée un contexte négatif pour le référendum.

Le non français n'exprime-t-il pas un rejet de l'élargissement ?

Je ne crois pas que l'on puisse parler de rejet. Il y a une perplexité et des craintes. Malheureusement, l'élargissement du 1er mai 2004 (à dix pays, dont huit issus de l'ex-bloc socialiste, ndlr) n'a pas été compris comme l'unification de l'Europe. Il a surtout été perçu comme un processus politique et technique. Nous n'avons pas assez travai