L'Europe est libérale, mais elle a du coeur. C'est, en substance, le résultat d'une étude intitulée «Est-il possible de rencontrer un Européen ?», réalisée par l'institut de sondage TNS-Sofres pour le compte de l'agence de communication Euro RSCG. Près de 10 000 personnes ont été interrogées à travers 10 pays, représentant 85 % des habitants de l'Union (1). Elles pensent que la libre concurrence, pierre angulaire de la Constitution européenne, a «des effets bénéfiques sur la croissance et l'emploi» (73 %), que la «recherche du profit est positive pour la société» (66 %), ce qui ne leur interdit pas pour autant d'être très majoritairement favorables au fait que «les personnes ayant de faibles revenus puissent être soignées gratuitement» (85 %). L'addition de ces résultats et d'une dizaine d'autres aboutit à un «modèle européen» qui, selon les sondeurs, «se différencie nettement du modèle américain». L'autre enseignement majeur de cette étude inédite, c'est que les Français sont, et de loin, les moins libéraux du Vieux Continent.
Les responsables de l'étude ont détaillé les «extraordinaires convergences» qui peuvent laisser penser qu'il existe bel et bien un peuple européen. Sur le plan économique, près des deux tiers des personnes interrogées (61 %) se déclarent contre une trop grande flexibilité sur le marché du travail. On retrouve la même proportion d'Européens (63 %) qui se disent prêts à «freiner la croissance et l'emploi pour protéger l'environnement». Sur le plan sociét