Ca va mal finir. Ça va peut-être même ne jamais finir. Jospin-Fabius, Fabius-Jospin, c'est un peu le derby permanent du socialisme français, le match qui se rejoue depuis vingt ans, sans cesse, à guichets fermés. Opposition de style, conjonction d'objectif : battre l'autre. «C'est assez simple, fait remarquer un éléphant qui a servi les deux. Lionel ne veut pas que Laurent soit élu président de la République. Et Fabius se radicalise pour empêcher le retour de Jospin.»
Tacle. La partie en cours a débuté le 28 avril dernier. Lionel Jospin est sur France 2. Pour son retour à la télévision depuis le 21 avril 2002, l'ex-Premier ministre, interrogé par Alain Duhamel, lâche : «Il n'y a pas de cohérence d'un non proeuropéen : quand on veut l'Europe, on dit oui à l'Europe, on ne dit pas non à l'Europe.» Occupé à donner des conférences outre-Atlantique, Laurent Fabius reçoit la balle en pleine poire. Et adresse de New York un retour à l'envoyeur : «Plusieurs anciens responsables politiques se sont exprimés récemment, comme Lionel Jospin, Valéry Giscard d'Estaing ou Simone Veil, c'est toujours intéressant.» Du grand Fabius : un tacle à peine appuyé mais qui fait très mal. Au même moment, depuis Paris, en stoppeur du camp fabiusien, Claude Bartolone, lui, ne ménage pas l'adversaire. Selon le député de Seine-Saint-Denis, l'Europe de Jospin se regarde «dans le rétroviseur». Encore un peu et ils pourraient être tentés de faire le coup de Mitterrand à Giscard durant la campagne de 1981, genr