L'oeil se plisse, un sourire se dessine à la commissure des lèvres, Valéry Giscard d'Estaing prend l'air espiègle. Le grand amphi de Sciences-po, archicomble, commence à s'assoupir. Pour le sortir de sa torpeur, VGE dégaine une «petite anecdote» : «Lors de la conclusion de nos travaux sur la Constitution, nous nous sommes retrouvés à Rome avec les chefs d'Etat et de gouvernement, dans le bureau de Silvio Berlusconi. C'était en juillet. Pour l'occasion, nous avions fait relier un bel exemplaire du traité en cuir bleu.» Pause. L'auditoire est intrigué. VGE se remet à chuinter : «Il faisait une chaleur épouvantable et, dans la pièce, il y avait une mouche qui volait.» Silence. Giscard imite le bruit de l'insecte : «Bzzzzz... bzzzzz...» Tout le monde retient son souffle. «Et paf ! Berlusconi s'est emparé du volume du traité, en cuir bleu, a écrasé la mouche d'un coup sec (VGE le mime en tapant sur la table) et s'est tourné vers nous, triomphant : "Je l'ai eue !"» Eclat de rire général. Voilà bien la preuve, selon l'ancien président de la République, que «sa» Constitution «sert à quelque chose».
Grand oeuvre. Ainsi va la drôle de campagne en solitaire de «l'Ex», 79 ans à l'automne, qui dispense à travers la France des cours de droit assénés d'un ton professoral et quelques sketches dignes du café-théâtre à l'ancienne. En trois mois, l'artiste aura fait vingt-quatre représentations, parcourant grandes écoles, assemblées de notables de province et salles municipales