A la télé, de débat en blabla, ils savent. Leur oui, leur non, sont massifs, jouissifs, exclusifs. Présidents, ministres, députés, spécialistes, experts, décideurs, ils sont péremptoires de détermination. Quand on les met face à face, ils s'étripent, se lancent des piques, des anathèmes plus que des arguments. Ils ne doutent de rien et surtout pas d'eux-mêmes, le doute ne les habite pas. Et puis il y a les autres. Ceux qui doutent justement. Penchent un jour pour le oui, un autre pour le non, naviguent à vue, changent d'avis presque comme de chemise au gré des rencontres, des lectures, des débats à la télé ou sur les ondes. Déjà, au moment de la loi sur le voile, ils avaient passé un sale moment, étant un jour pour et le lendemain contre. Et le dilemme recommence avec la Constitution européenne. Mais là il faut voter. Oui. Ou non. Ah s'ils pouvaient se décider, aller glisser leur bulletin en chantant...
Combien sont-ils ? Des millions ? Ils seraient autant d'hommes que de femmes, deux sur trois proches de la gauche selon le club Notre Europe, que préside l'ancien commissaire européen Pascal Lamy, qui, samedi, en avait réuni 49 (sélectionnés par CSA) à Sciences-Po devant un parterre d'experts des deux bords. Certains se sont déterminés, pas tous. Dimanche, ils y seront contraints puisque leur choix sera forcément tranché. De quel côté ? Si on vote non, c'est l'apocalypse disent les uns. Si on vote oui, c'est du suicide, disent les autres. Les indécis sont déchirés. Un bulletin