C'était mercredi place Beauvau, dans le bureau d'un conseiller du ministre de l'Intérieur. Dominique de Villepin passe une tête, s'installe. Et puis, au débotté, le voilà qui entreprend d'expliquer à Libération son projet pour la France. Quarante minutes de monologue échevelé et étourdissant, mains dans les poches, le pied tapant le sol. Pas un mot sur le référendum, mais de longues tirades sur l'éducation, le chômage, les PME. Des mots qui claquent : «sursaut», «mobilisation», «courage», «aventure». Et une protestation finale : «Je n'ai jamais marqué d'ambition personnelle.»
Oradour. Pas de doute, Dominique de Villepin est en campagne. Pour le oui. Pour lui. Depuis son intervention sur Europe 1 mi-avril, il profite du référendum sur la Constitution européenne pour faire entendre sa voix tonitruante. Lundi dernier, à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), invité par le député UMP Eric Raoult, il a tenté d'enflammer une salle de vieux gaullistes un peu réservés. De la tribune, les paroles ont volé haut : «J'avais 4 ans quand mes parents m'ont conduit à Oradour-sur-Glane. Ce jour-là, j'ai vu la barbarie et je suis devenu européen.» A la sortie, ce sont les bises qui ont claqué, à la Chirac. «Oui je me rappelle très bien de vous... Et vous, comment allez-vous ?... Toujours en forme ?... Allez, madame, je vous embrasse...» Commentaire d'un cadre UMP : «Il emmène les gens où il veut.»
A une semaine du scrutin, la droite s'affole et, thermomètre de toutes les fièvres, Villepin s'agite. L