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Libération

«Quand tu es paysan, tu es sur une autre planète»

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publié le 26 mai 2005 à 2h20

Véronique, éleveuse dans le pays d'Auge (elle vend des broutards aux Italiens et la viande de ses limousines en France) avait voté oui à Maastricht. Elle s'apprêtait à remettre ça pour la Constitution. Les engagements de personnalités qu'elle «estime bien» comme Simone Veil, Daniel Cohn-Bendit et Lionel Jospin, l'avaient confortée. L'hiver avait été «rude», des animaux étaient morts, la diarrhée avait sévi, elle n'avait pu mettre les bêtes au pré que le 30 avril. En mai, elle a pu souffler. Et réfléchir. C'est là que son oui s'est lézardé au fil des conversations avec des collègues, des émissions. Mais sans lire le texte, jugé «imbuvable» et qui nécessiterait «un QI de 250». Véronique a été frappée par les exemples qu'on lui citait, comme ces «Polonais embauchés sur des lois polonaises et sous-payés ici». Bref, résume-t-elle, «en commençant à réfléchir, j'ai basculé vers le non». Ce n'est pas qu'elle soit influençable : à la dernière présidentielle elle a été la seule de son entourage à voter Chirac au deuxième tour, les autres s'étaient abstenus. Non, donc. Pas pour longtemps : «Voter comme Villiers et Le Pen, ça m'a fait peur.» Le oui a repris le dessus. Cohn-Bendit a enfoncé le clou en s'agitant pour décrire un scénario catastrophe en cas de vote négatif. «C'est un type qui a la tête sur les épaules, cela donne envie de voter oui.» Mais le discours jusqu'au-boutiste d'autres «ouiouistes» dont elle se méfie et qui, pourtant, disaient à peu près la même chose en «mettant la