Le politologue Pascal Perrineau, directeur du Centre d'études de la vie politique française (Cevipof), juge que les électeurs du Front national apporteront la «contribution décisive à la victoire du non», derrière la clientèle traditionnelle du PS.
En menant une campagne «soft», le FN n'a-t-il pas pris le risque de pousser ses sympathisants à s'abstenir ?
Il est difficile de dire aujourd'hui si l'abstention a une couleur politique et touche plus particulièrement les catégories électorales traditionnelles du FN. Le seul élément dont nous disposons provient des élections européennes, où le FN a traditionnellement du mal à mobiliser son électorat populaire. Pour ce référendum, c'est différent. Le taux d'intérêt de la population française est aussi élevé que pour celui de Maastricht en 1992 (où la participation avait atteint 70 % des inscrits, ndlr). La seule petite trace d'indifférence des électeurs FN nous a été donnée par un sondage TNS-Sofres des 23 et 24 mai, selon lequel seulement la moitié de cet électorat se déclarait intéressée par ce référendum, contre 62 % de la population française.
Le FN fera donc le plein de ses voix ?
L'électorat lepéniste est en tout cas celui qui se situe le plus dans le non, à 90 %, toujours selon cette même enquête TNS-Sofres. Son vote sera donc massif, tout comme il l'avait été en 1992 contre le traité de Maastricht. Les électeurs de Le Pen apporteront donc une contribution décisive à la victoire du non. L'électorat d'extrême droite est le deuxiè