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Libération

«Il m'arrive de changer d'avis plusieurs fois par jour»

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Corinne, Isabelle et Marc sont méfiants vis-à-vis du traité, mais ils ont des réticences à voter non.
publié le 27 mai 2005 à 2h20

Corinne, Isabelle et Marc travaillent dans une grosse boîte d'information. Sur la Constitution, ils ont tout sous la main pour tout savoir. Et pourtant ils doutent. «J'arrête pas de varier, dit Marc. L'idée de l'Europe me séduit beaucoup, même si je la préférerais plus équilibrée vers le Sud que vers le Nord. Et l'idée d'une Constitution, je trouve ça bien. Au départ j'avais donc envie de voter oui.» C'était aussi l'avis d'Isabelle, qui n'a pas lu le texte mais «seulement des articles de presse». Le socle de sa conviction est ferme : «Au-delà des querelles, l'important c'est d'être pour l'Europe.» Corinne ne dit pas autre chose. Mais comme, à gauche, les oui et les non sont pour l'Europe, aujourd'hui elle ne sait plus. Marc a commencé de vaciller il y a trois mois à cause du satané libéralisme : «Ça m'agace.» «Plus ça va, plus j'ai l'impression que le libéralisme est là», complète Isabelle. Corinne n'en pense pas moins. Bref, le libéralisme leur a donné envie de voter non.

Chacun avance ses arguments : «Cette Constitution n'a peut-être pas été faite pour les gens. C'est peut-être une connerie. Mais c'est peut-être aussi une connerie de voter non.» Isabelle dit tout le temps «peut-être», car elle avance avec prudence. Ce dont elle est sûre, c'est que «voter contre le gouvernement est débile» ­ elle ne porte pourtant pas le duo Chirac-Raffarin dans son coeur. Il y a une autre chose dont elle est sûre, c'est que si on vote cette Constitution, «on ne pourra pas revenir dessus». D