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Libération
Éditorial

Illusions en perdition

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publié le 31 mai 2005 à 2h23

Les Français ont souverainement dit non après un long débat démocratique. Le traité constitutionnel, quelles que soient ses qualités et son potentiel, est vraisemblablement mort-né. Il y aura certes des tentatives de sauvetage, de raccommodage, mais il est improbable que ce texte soit soumis à nouveau aux électeurs français comme ce fut le cas pour les Irlandais (pour le traité de Nice) et les Danois (pour le traité de Maastricht).

La question portait en effet sur un traité constitutionnel. On finirait par l'oublier. Elle a intéressé un tiers des électeurs favorables au non, ce n'était de toute évidence pas la motivation principale. Les autres électeurs ont transformé cette consultation en émeute électorale. Une révolte qui va croissant depuis dix ans, quel que soit l'objet du scrutin, depuis l'élection présidentielle de 1995, suivie par la législative anticipée de 1997, le 21 avril 2002, et enfin le 29 mai 2005. Ce sont les électeurs de gauche qui, à chaque fois, ont pris la tête de la fronde, qui ont fait la décision, dans un sens ou dans un autre, sans distinction partidaire, pour ou contre les dirigeants de gauche.

Le substrat de ce soulèvement électoral est connu : depuis 1986, le taux de chômage est plus ou moins au-dessus ou en dessous des 10 % de la population active. Au cours des dix dernières années, un actif sur trois aura été confronté au chômage. Un Français sur cinq reste sans formation. Quelques chiffres pour un fiasco national. 1986-2005 : vingt ans, l'équivale