Etonnant Francis Mer. L'ex-ministre de l'Economie a pris à rebrousse-poil, hier, à l'Assemblée nationale, un parterre de chefs d'entreprise et de députés plus libéraux les uns que les autres. Ils étaient réunis sur le thème «Et si la France osait ?» par le club Génération Entreprises, animé par les UMP Jean-Michel Fourgous et Olivier Dassault, et par l'Association des moyennes entreprises patrimoniales, présidée par Yvon Gattaz, ex-patron du CNPF (aujourd'hui le Medef). Cela semblait bien parti pour une séance d'autopersuasion entre gens du même monde, avec le polémiste Nicolas Baverez en chauffeur de salle sur le thème du «déclin», la mise en accusation des «technocrates qui nous dirigent» et beaucoup de lobbying. Pour la suppression de l'ISF, évidemment.
Jusqu'à ce que Francis Mer, l'ex-président d'Arcelor, balance, renfrogné : «Nous (les patrons) méritons le monde dans lequel nous vivons. L'entreprise a une responsabilité vis-à-vis de son environnement. Il faut aller vers l'autre pour lui expliquer à quoi elle sert. Il faut respecter les gens comme des personnes, il faut partager avec elles.» Plus précis, Mer s'est mis à brocarder les «y a qu'à, faut qu'on» : «Ceux qui vous assurent "y a qu'à" modifier le code du travail, vous trompent. Aucun d'entre vous ne doit rêver de cela, le rêve tournerait au cauchemar.»
On sentait la rage de l'ex-candidat à la présidence du Medef qui a dû se retirer. Peu avant, un intervenant avait jeté «les syndicats» aux gémonies. «Détrompez-vous,