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Libération

Un budget en forme de tour de passe-passe

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Bercy et Matignon jouent serré pour tenter de se limiter à l'inflation.
publié le 24 juin 2005 à 2h43

Dominique de Villepin a passé sa journée d'hier à peaufiner les derniers arbitrages sur le budget 2006. Les traditionnelles lettres plafonds, qui fixent les crédits pour l'année, devaient être envoyées aux ministres «avant la fin de la semaine», indiquait-on hier à Matignon. Les lettres respecteront la «norme zéro volume» (augmentation égale à l'inflation, pas plus), de rigueur depuis 2003. Mais, pour y parvenir, Bercy et Matignon vont se livrer à un jeu de bonneteau. Pas moins de 2,2 milliards d'euros, consacrés aux dégrèvements de charges sociales sur les bas salaires en 2006, vont passer de la colonne dépenses à la colonne absence de recettes.

Concrètement, le gouvernement va abaisser le barème des cotisations patronales sur les salaires au Smic, jusqu'à concurrence de 2,2 milliards. «C'est une baisse de prélèvement obligatoire, dit-on à Bercy. Pas une dépense.» Mais, comme il faut bien combler le manque à gagner pour la Sécu, le gouvernement établira un «prélèvement sur recettes» de l'Etat au bénéfice des régimes sociaux, pour la même somme. «C'est ce qu'on pratique déjà au profit des collectivités locales, ou pour l'UE», plaide Gilles Carrez, rapporteur (UMP) du budget à l'Assemblée. Détail : les 17 milliards de dégrèvements de charges déjà assumées par l'Etat resteront, elles, dans le budget. Cette gymnastique s'explique par l'impossibilité d'afficher une vraie «croissance zéro» des dépenses. Avec une hausse des prix de 1,5 %, il n'a qu'une marge d'environ 5 milliards a