«Je ne me rendrai pas à Matignon.» Bien calé derrière le pupitre transparent réservé aux grandes occasions, François Hollande a voulu solenniser sa décision de boycotter la consultation sur l'Europe organisée par le Premier ministre. Lors d'une conférence de presse convoquée hier en urgence, il a estimé qu'en incluant le Front national dans la liste officielle des partis invités à Matignon, Dominique de Villepin se rendait complice de la «banalisation de l'extrême droite et de ses thèses».
Plan B. Le numéro un socialiste en a d'ailleurs surpris plus d'un, y compris parmi ses proches, qui ont parfois appris à la radio que le PS n'honorerait pas cette invitation lancée le 22 juin. C'est son directeur de cabinet, le député européen Stéphane Le Foll, qui lui a suggéré dimanche l'idée du boycott. Suggestion validée hier matin en petit comité. «Nous avons peut-être un peu tardé, mais cette décision est évidente. Il y a un an ou deux, une telle invitation aurait fait hurler. Là, plus personne ne réagit. Mais le FN n'est pas un parti banalisable», argumente Stéphane Le Foll. Cependant, François Hollande n'a reçu hier le soutien d'aucun autre ténor du PS. Un leader socialiste du non tente une explication : «Soit il allait à Matignon pour dire "d'accord, le non l'a emporté mais il faut continuer comme si rien ne s'était passé", soit il disait "Il faut prendre en compte le vote des Français et militer pour le plan B". Comme il ne peut dire ni l'un ni l'autre, il a préféré ne pas y aller