Un Premier ministre chasse l'autre. A peine nommé, Dominique de Villepin s'attache à montrer combien il est différent de son prédécesseur. S'il lui a rendu l'hommage de rigueur lors de son discours de politique générale, il se garde bien de le citer depuis, même s'il a juré hier n'entretenir «aucune concurrence» avec lui : «A chacun son temps, à chacun son action, à chacun son devoir.» En s'affichant en «pragmatique» de la lutte contre le chômage, il renvoie Jean-Pierre Raffarin à son impuissance.
Retour en arrière. «Il s'est occupé des grandes réformes, moi j'ai les mains dans l'huile, j'essaye des choses nouvelles», confiait-il la semaine dernière. Sans jamais un mot désagréable pour celui qui a occupé pendant trois ans l'hôtel Matignon, Villepin fait en creux un portrait de lui peu flatteur : «On a dépensé trop d'argent en lâchant aux intérêts catégoriels.» «On n'a pas tout tenté contre le chômage», a-t-il répété à plusieurs reprises. Ses coups de canif dans les réformes lancées par son prédécesseur ne sont pas du goût de l'ancienne équipe. Dimanche, Patrick Devedjian, ancien ministre de l'Industrie, a ainsi estimé que «les mesures prises jusqu'ici donnent souvent le sentiment d'un retour en arrière». Il a notamment regretté que l'«on marque le pas sur les mesures d'application de la loi Fillon». Une accusation dont se défend le chef du gouvernement.
Jean-Pierre Raffarin a, lui aussi, au moins un sujet de mécontentement. Il a fait savoir à ses proches qu'il n'avait guère ap