Pour le grand public, elle est la «gaffeuse». Celle dont on suppute avec gourmandise qu'elle pourrait remplacer Roselyne Bachelot au Panthéon des empêcheuses de gouverner en rond, une de ces femmes ministres dont le parler franc empoisonnerait Matignon. La novice ne s'est-elle pas pris les pieds dans le micro moins d'une semaine après s'être assise sur le strapontin du Commerce extérieur ? C'était début juin sur Europe 1. Alors même que Dominique de Villepin se préparait à rencontrer les partenaires sociaux, sa nouvelle ministre déléguée plaidait sur les ondes pour une réforme du code du travail, source de «freins à l'embauche» qu'il serait souhaitable d'«évacuer». L'ultralibéral Alain Madelin n'aurait pas dit mieux. «En l'entendant, j'ai failli avoir une crise cardiaque pour elle», confesse une amie. Le Premier ministre aussi, qui, illico, décroche son téléphone pour tancer sa nouvelle recrue. Christine Lagarde, 49 ans, encaisse la remontrance en élève appliquée. «Il n'y a eu ni larmes de ma part, ni demande de démission de la sienne», précise-t-elle. Juste une mise en point ferme sur le devoir pour un ministre de maîtriser son propos au nom de la «solidarité gouvernementale».
Debout dans son bureau de Bercy, Christine Lagarde s'incarne en souplesse, à l'aise avec ce corps altier qui impressionne sans indisposer. La ministre n'a ni la véhémence de ton ni la frénésie qu'on prête aux trublionnes. Plutôt l'aplomb tranquille de ceux qui n'ont rien à prouver. «La maladresse ne lu