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L'adieu du Tigre à l'Aléphant

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Judith a vécu «au grand jour» son histoire avec un homme marié à travers les pages du journal.
publié le 27 juillet 2005 à 3h06

Elle a descendu en courant les six étages qui mènent aux caves de l'immeuble, est remontée essoufflée, une grosse boîte en carton dans les bras. «Là, il y a tout.» Des feuilles de dessin fripées, un éléphant en papier, des vêtements, photos, lettres, autocollants, bouquets de fleurs séchées... Et au milieu des pétales rabougris, le papier jaune d'un vieux Libé. Elle le déplie : «Dans la jungle, des cris de douleur. Sans l'Aléphant, le Tigre meurt.» «C'est la première», murmure Judith.

Souvenirs éventrés. Judith habite le XXe arrondissement de Paris, c'est une jolie femme aux lèvres ourlées et au regard piquant. Elle a 32 ans, vit seule avec son fils de 6 ans, a fait plusieurs métiers avant de se lancer dans la restauration de meubles... Frénétiquement, elle fouille : «Voilà la deuxième : "Judith, un an déjA. L'interlocuteur."» Replonge : «La troisième, la dernière : "Au revoir, Aléphant. Ju-"»

Judith se rassied, fatiguée. Ses souvenirs éventrés sur la table, elle ne sait par quel bout les prendre. Elle dit : «C'est une histoire d'amour et d'adultère, très belle et très douloureuse.» Puis : «Les annonces, c'était une façon de vivre l'histoire au grand jour. Puisque partout, tout le temps, il fallait nous cacher. Dans le journal... notre amour était enfin public.»

Il l'appelait le Tigre, elle l'appelait l'Aléphant. Elle ne sait plus comment c'est venu. Un de leurs «délires romantiques». Il y en avait beaucoup. «Du bateau sur le lac de Vincennes, la tour Eiffel de