Menu
Libération
Interview

«Paris voulait l'amnistie et l'amnésie»

Article réservé aux abonnés
publié le 27 juillet 2005 à 3h06

Professeur d'histoire à l'université de Toulouse-Le Mirail, Guy Pervillé a publié notamment Pour une histoire de la guerre d'Algérie (Picard, 2002). Il a refusé de signer la pétition des historiens contre la loi du 23 février 2005 exigeant l'enseignement «positif» de la colonisation.

La polémique sur les responsabilités de la France vis-à-vis de l'Algérie commence par les chiffres. Peut-on évaluer les pertes dans le camp algérien, entre 1954 et 1962 ?

Il y a eu des dénombrements précis pour les victimes dans le camp français. Il en existe aussi dans le camp algérien, mais ils sont davantage soumis à des présupposés idéologiques. Les militaires français ont évalué les pertes chez les Algériens musulmans à 143 000 morts (évaluation portée à 200 000 morts par le général de Gaulle). Les historiens français les ont estimés à moins de 300 000, voire moins de 250 000 morts. Le nombre retenu en 1974 par le ministère algérien des Anciens Moudjahidin est proche : 152 833 tués sur 336 748 combattants de l'ALN et militants du FLN. Il n'y a aucun nombre sûr, mais il existe un accord approximatif en dehors des propagandes.

Mais on entend des chiffres beaucoup plus élevés ?

Le nombre officiel, côté algérien, est de 1,5 million de morts. Par ailleurs, les démographes qui ont travaillé sur le premier recensement algérien de 1966 ont fait remarquer la difficulté à discerner les pertes de la guerre, ce qui ne plaide pas pour un bilan aussi élevé. Il est sans doute moins lourd qu'on ne le supposait